cloche baptêmeÇa y est ! La cloche commandée par l'Association des Amis de Saint-Ferréol et du vieux Lorgues et coulée il y a déjà plusieurs mois par l'atelier Inquimbert de Carcès, a été mise en place ce lundi 17 février. A 11 heures, a eu lieu dans la chapelle  la bénédiction de la cloche, appelée traditionnellement "baptême" de la cloche qui porte le nom d'Honorée ; ses parrain et marraine sont Monsieur et Madame Philippe et Marie-José Rousseau dont le dévouement au service de cette chapelle est sans limite.  Une assemblée très nombreuse a participé à ce moment festif. Après une présentation par Mme Sabine StferGrouiller, présidente des Amis de Saint-Ferréol et du vieux Lorgues (voir ci-dessous), a été procédé au rituel de la bénédiction puis, se mêlant aux accents des tambourins et galoubets du Ginestoun et de l'orgue, la cloche a fait retentir son la qui égayera désormais ce campanile rendu muet depuis la Révolution française...

Discours de Mme Grouiller :

"Mes amis,

Je voudrais d’abord saluer tout particulièrement M. l’abbé Boussand, chanoine de Lorgues, M. le Pasteur Stefano Mercurio, et la délégation protestante et M. le maire bien sûr, et vous remercier tous, amis lorguais, d’être venus ce matin si nombreux.

Car aujourd’hui est un jour important pour notre communauté, qu’elle soit chrétienne, ou simplement lorguaise, et attachée à notre patrimoine. En effet aujourd’hui va être remise en place une cloche à la chapelle  Saint-Honorat, et renoué ainsi le fil de notre histoire. Et même si ce fut un projet lourd et difficile pour notre petite association, les Amis de Saint-Ferréol sont assez fiers d’avoir contribué à cette noble et juste entreprise.

En effet, depuis plus de 15 siècles, notre occident chrétien, notre Provence en particulier,  a été façonné par des hommes porteurs d’une foi profonde, qui ont durablement marqué son histoire. Et ces hommes ont choisi d’entourer, de protéger leur village par tout un chapelet de chapelles, relais pour les voyageurs, lieux de culte pour les hameaux environnants. Et, pour appeler à la prière, rythmer le temps du travail, de la joie ou de la peine des hommes, de l’angélus de l’aube à l’angélus du soir,  toutes ces chapelles, Saint-Jaume, Sainte-Anne, Notre-Dame-de-Ben-Va, Saint-Ferréol, ont évidemment leur cloche. Je passe sous silence les quatre cloches de la collégiale… Seule la chapelle Saint-Honorat est muette depuis plus de deux siècles, victime de la volonté de destruction de tout un pan de notre histoire par la folie révolutionnaire, victime aussi sans doute des appétits marchands et de la cupidité des hommes.

Mais aujourd’hui le lien avec le passé est rétabli, par le miracle d’une voix qui est rendue à la chapelle.

Et quelle voix ? Celle d’une cloche que nous avons voulu appeler Honorée, en hommage à Saint Honorat, à qui est dédiée cette petite chapelle.

Arrêtons-nous un instant à son histoire :  avant que de devenir saint, Honorat fut un moine  qui, à l’aube du Vème siècle, s’installa en l’île de Lérins,  dans la baie de Cannes, où il construisit une communauté de prière. Il fallut chasser les serpents qui infestaient l’île, trouver une source, et bâtir  un monastère, cultiver les terres pour assurer la subsistance de ces hommes. C’est ainsi que naquit la vigne de Lérins, encore cultivée aujourd’hui par les moines qui perpétuent cet idéal de vie, dans le travail et la prière. Puis Honorat fut appelé à Arles, pour y exercer les fonctions d’évêque : là il réorganisa le fonctionnement du diocèse, choisissant délibérément de distribuer généreusement le pain aux pauvres plutôt que d’amasser d’inutiles trésors.

C’est ainsi, tout naturellement à partir de son histoire, que nous avons choisi de décorer la cloche d’une frise de raisins, la vigne de Lérins, et de pain, celui qu’Honorat, à l’image du Christ, a multiplié pour ses pauvres. L’ensemble du motif étant repris d’un riche vêtement liturgique conservé dans le petit musée d’art sacré de Saint-Ferréol. Ainsi parée de ces deux symboles forts, accompagnés de la croix, telle que l’a voulue le Père Boussand, notre cloche Honorée peut porter le message évangélique, mais aussi tout simplement un message d’entraide et de charité à tous les hommes de bonne volonté.

Mais le calendrier nous presse : en ce 17 février, un mois après la Saint-Honorat, et un peu avant que les cloches, selon la tradition, ne partent pour Rome, il faut baptiser cette cloche : les Amis de Saint-Ferréol remercient M. et Mme Rousseau, qui sont les véritables gardiens de la chapelle, à laquelle ils donnent tout leur soin chaque jour, d’avoir accepté d’en être le parrain et la marraine, et ils remercient le Père Boussand, chanoine de Lorgues, de bien vouloir procéder maintenant à ce baptême.

Je vous remercie."