tombeLa perspective de la fin de l'année, l'automne et ses couleurs, mais aussi les derniers jours de l'année liturgique orientée vers les fins dernières, avant que ne se lève de nouveau l'espérance avec le cycle de l'Avent, font du mois de novembre le mois des morts. Ce que cela aurait de lugubre est tempéré par la belle fête de la Toussaint car la commémoraison des fidèles défunts qui la suit est tout entière baignée de sa lumière. Préoccupation petit à petit évacuée des devoirs familiaux pour les nouvelles générations, le souvenir des morts reste cependant un des signes de la "pietas" comme l'appelaient les Romains : le sentiment affectueux qui fait accomplir les devoirs envers ceux à qui nous sommes redevables. Le confinement auquel nous sommes contraints n'empêche pas la visite aux cimetières, pas plus que la prière dans les églises, c'est l'occasion pour nous de porter particulièrement devant Dieu ceux qui meurent aujourd'hui, souvent privés des funérailles auxquelles ils auraient eu droit en temps ordinaire. La visite dans nos quatre cimetières de Lorgues, Le Thoronet (l'ancien et le nouveau) et de Saint-Antonin-du-Var nous a rappelé aussi le souvenir des très nombreux prêtres, religieux et religieuses dont les tombes ne bénéficient des soins d'aucune famille. Un record : 499 noms rien qu'à Lorgues, sans tenir compte des tombes collectives qui ne portent aucun patronyme ! Plus de 500 religieux pour la plupart décédés depuis le milieu du XXème siècle ! Il me plait de faire revivre parmi eux le souvenir d'une religieuse dont la pierre tombale à l'abandon est une des plus anciennes : Mère Saint-Félix (Rosalie Baume) dont on peut encore lire qu'elle fut supérieure générale de l’Institut de la Présentation, décédée à Lorgues le 26 septembre 1883, dans la 67ème année de son âge, dont 48 passées en religion. L'excellent site animé par Monsieur Alain Marcel sur Lorgues et son patrimoine rappelle l'histoire de cette congrégation spécifiquement lorguaise : créé à Manosque en 1788, cet Institut religieux avait fondé à Lorgues et y devint autonome en 1837. La communauté qui comptait 30 religieuses en 1859 assurait l'éducation des jeunes filles (une centaine à l'époque) dans un pensionnat qui se situait en haut du boulevard actuel de la République. Le programme gouvernemental de laïcisation des écoles décida de leur disparition en 1889. Combien de filles et en conséquence de familles ont-elles profité du dévouement de ces modestes religieuses ? La piété filiale leur devait bien ce petit rappel. La tombe de Mère Saint-Félix a bénéficié, elle, d'une discrète remise en état (photo ci-contre).